CDD d'usage ou l'habitude d'abuser

Publié le par Thulip

Le plus mauvais élève du droit du travail, le service public ?

Telle est la question que l’on peut se poser, ou plutôt les conclusions que l’on peut en tirer, en lisant l’article du Canard Enchaîné (2/08/06).

En effet, on apprend qu’à défaut de pouvoir fidéliser ses auditeurs, Radio France est une fidèle des Prud’hommes depuis quelques années pour recourir de manière abusive aux CDD d’usage pour une bonne part de ses employés.

Rappelons que le CDD d’usage est une dérogation au régime normal du contrat de travail (normalement le CDI mais depuis on a eu le CNE qui a mis à mal la protection du salarié) et que l’on ne peut y recourir que si les activités ou le métier faisant l’objet de ce contrat ne peuvent pas se faire sous la forme du CDI, en raison de la nature et du caractère temporaire de l’activité.

Par ailleurs, rappelons qu’un employeur ne peut pas faire signer plus de deux CDD d’affilée à un salarié et que la durée maximale du CDD en France (renouvellement compris) est de 18 mois.

Prenons maintenant quelques exemples des contentieux de Radio France avec ses salariés : Macha Béranger a été licenciée au bout de 29 ans de CDD !

André Asseo, 28 ans de CDD,

Robert Arnaud, 40 ans de CDD.

Quand Radio France tente de s’éviter une audience devant les Prud’hommes, elle négocie, elle a proposé à André Asseo l’équivalent de 4 mois de salaire (après 28 ans de CDD…).

Utiliser un contrat de travail pour une activité par nature temporaire pendant des dizaines d’années, ne pas offrir de congés payés (une partie est payée par la Caisse Congés Spectacles et l’autre n’est pas prise en charge du tout), faire de l’intermittence permanente, voilà le bel exemple de Radio France !

Et ne croyez pas qu’il ne s’agisse que des animateurs, non, non : une personne chargée d’apporter les cafés aux invités depuis plus de 20 ans est également en CDD.

Pire encore, les animateurs ne sont couverts par aucun contrat lorsque rentrant de leurs « congés non payés » ils viennent préparer les émissions : accident du travail déconseillé ! On vous déconseille également la grossesse chez Radio France.

Qu’on ne vienne pas me dire que le régime de l’intermittence doit être réformé parce que cela n’est pas assez rentable, commençons d’abord par réformer les employeurs qui abusent des dérogations et du régime de protection sociale, ensuite on verra.

 

Finalement, le MEDEF, c’est pas si méchant que ça, non ? La prochaine fois qu'ils veulent couper dans le régime des intermittents, il serait bon de leur suggérer de mettre le nez dans la gestion des ressources humaines made in service public.

Sources : Canard Enchaîné du 02/08/06

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T
@ CyrO : Ok, merci pour les précisions, je vois mieux de quoi tu parles.Ca me fait penser à "l'entretien" tous les 6 mois chez le "conseiller" assedic, histoire qu'il juge si tu es un bon chômeur ou pas.  En tout cas, je te souhaite de bonnes vacances, qu'elles te  soient reposantes :)
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C
Je ne sais malheureusement pas grand à ce sujet, du moins de réellement intéressant. J'envisage néanmoins de pondre un billet un de ces jours à ce sujet, sur le regard des gens dans cette situation, la façon de le vivre, de s'y acclimater -ou non-... Du moins si j'en touve l'inspiration, sans que celle-ci ne risque trop de me plomber la journée.<br /> Pour ce qui est des 245 heures, il s'agit juste du résultat de 7x24 heures, la RMIsation étant un boulot à temps TOTALEMENT complet :op<br /> Et pour ce qui est du papier... pfff, marre de devoir gratter constamment pour se justifier en permanence d'une situation qu'on aimerait pourtant pouvoir un peu oublier. Mais puisqu'il parait que dans ce cas on n'a que ça à foutre...<br /> Je le disais, je le répète : du mépris, encore du mépris, rien que du mépris. Ce dernier est désormais une véritable institution, bientôt on va le fêter... si au moins c'était l'occasion de faire gagner un jour férié à ceux qui bossent, mais mon petit doigt (avec qui je suis très intime, si) me dit que faut pas trop compter là dessus !<br /> Il n'empêche, départ mardi en vacances, une semaine pour essayer d'oublier toute cette merde. Pourvu que ça marche...
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T
@ CyrO : Ben en fait, le RMI c'est comme le CNE, au bout de deux ans, on essaie de te virer, non ? Je t'incite fortement à parler de ce que tu sais à propos du RMI ou de toutes autres situations relatives au travail ou à la privation d'emploi. J'entendait dénoncer un abus particulier, si tu souhaites le faire à propos du RMI, je serais heureuse de te lire. En fait là j'ai pas tout compris, ça correspond à quoi les 245 heures ? Un peu de papier ? ;-)
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C
Merdum, j'oubliais, au sujet du RMI (qui n'est absolument pas le sujet de ce billet, je sais, mais j'en cause dans mon mien de com' et j'aime pas faire les choses à moitié ;o) :<br /> La durée du temps de travail n'est là non plus pas respectée ; en effet comme très peu de gens n'étant pas concernés le savent, celle-ci est de 245 heures hebdomadaires, dont on doit soustraire un nombre d'heures de sommeil différent très fortement suivant les individus ! Qu'on ne vienne pas me parler, du fait, d'application correcte des textes de loi hein...  et pour ceux qui pensent qu'RMIser n'est pas travailler mais glander, qu'il m'écrivent, j'ai des trucs à leur expliquer :op<br /> Ayé, j'ai fini ma pollution nocturne, désolé hein, la prochaine fois j'irais faire caca sur un autre blog :o)
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C
C'est marrant (enfin... façon de parler hein !), ça me rappèle une réflexion récente au sujet du RMI : Il s'agit là en quelque sorte d'un vrai CDI, à la différence près qu'il ne faut pas compter sur les primes d'ancienneté et surtout que de par son principe même tout va être tenté pour vous le retirer, particulièrement si vous n'avez toujours pas trouvé d'emploi depuis plus de deux ans...<br /> Bref, ça parait hors-sujet mais c'est juste pour dire que les divers appélations des différents contrats qu'on peut nous faire signer n'ont de sens que dans leur signification première (ou leur terminologie, c'est pitêtre plus clair comme ça, mais il se fait tard), mais certainement pas dans leur application... Il n'y a qu'à demander aux Prud'hommes pour en être définitivement convaincu, si besoin était bien sûr...<br /> Le mépris, encore le mépris, toujours le mépris. Et certains sont surpris qu'une partie du peuple français se refuse à s'en contenter.<br /> Le mépris ? Si je veux !
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