Envert et contre tous.
Le Canard Enchaîné de cette semaine nous informe d’un incident sur une centrale nucléaire suédoise à Forsmark qui aurait pu devenir sérieux : le 25 juillet, le réacteur n°1 a été victime d’un court-circuit, ce qui l’a privé d’alimentation électrique. Cela aurait pu être grave car l’alimentation électrique garantit le refroidissement du cœur. Toutes les centrales disposent de générateurs Diesel de secours pour pallier à de telles pannes. Le hic est que les premiers ne se sont pas mis en route, il a fallu déclencher deux autres générateurs.
Voici les réactions allemandes et suédoises face à l’incident :
« Le ministère allemand de l'Environnement va vérifier "le plus rapidement possible" si l'incident survenu la semaine dernière sur un réacteur nucléaire en Suède pourrait également se produire dans les centrales allemandes, a-t-il annoncé vendredi dans un communiqué.
Le ministère "examine ce qui s'est passé exactement dans la centrale (suédoise) de Forsmark et va vérifier le plus vite possible si les défaillances techniques (constatées) peuvent aussi exister dans les centrales allemandes", indique le communiqué. »
Les autorités veulent notamment vérifier si les centrales allemandes sont équipées de la même pièce défectueuse que celle ayant conduit à l'incident de Forsmark, incident qualifié de "sérieux" par le ministère allemand. Cette pièce, qui équipe un système de secours, a été fournie par la société allemande AEG, filiale du groupe suédois Electrolux, a précisé le ministère.
De son côté, le Forum nucléaire allemand, un lobby pro-nucléaire regroupant les principaux producteurs d'électricité, a affirmé qu'on pouvait d'ores et déjà "exclure qu'un tel incident aurait les mêmes conséquences dans les centrales nucléaires allemandes". "Rien ne permet d'affirmer que l'incident puisse se produire" en Allemagne, a affirmé cette association.
A l'inverse, l'incident suédois a provoqué l'inquiétude des écologistes allemands. "A sept minutes près, on est passé tout près d'une énorme catastrophe qui aurait contaminé la majeure partie de la Scandinavie et qui aurait également fortement touché l'Allemagne", s'est emportée Bärbel Höhn, la vice-présidente du groupe Vert au Bundestag.
Les centrales nucléaires de Suède tournent actuellement au ralenti, la moitié des réacteurs étant provisoirement à l'arrêt, la plupart à la suite d'un incident encore non élucidé sur le site de Forsmark (Est) la semaine dernière. »
On le voir, les réactions sont diverses, mais les vérifications sont faites. On applique le principe de précaution, on informe les gens, et chez nous ?
Ce qui fait réagir le journal, et moi avec, c’est que EDF nous assure qu’un tel incident ne peut pas se produire en France : or il s’est passé exactement la même chose avec la centrale de Bugey (à 30 km de Lyon) en 1986 ! C’était peu après Tchernobyl et l’incident en France avait fait peu de vagues. Celui de Forsmark inquiète le Ministère de l’Environnement Allemand qui a décidé de prendre des mesures préventives, tout autant que le gouvernement suédois qui se demande s’il va remettre en marche cette centrale, d’autant plus qu’il est question de remplacer totalement l’énergie nucléaire par d’autres sources, à court terme. Nous en France on en est loin : déjà nous ne sommes pas informés des incidents nucléaires (celui de Bugey a été découvert par le Canard et la centrale tourne toujours, depuis 1978…), ensuite le débat sur l’énergie est surtout animé par des partis écolos trop marginaux dans la vie politique pour pouvoir en faire un vrai débat constant. Voici ce qu'on nous dit ailleurs dans la presse :
« La Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) (ministère de l’Industrie) a donné hier jusqu’à fin mars à EDF pour appliquer « un plan portant sur la conduite des réacteurs et visant à renforcer la formation, la culture de sûreté et l’engagement des agents d’EDF à tous les niveaux hiérarchiques ». Cette mise en demeure intervient après l’annonce d’un incident de niveau 2 sur l’échelle des incidents nucléaires, survenu le 29 janvier sur la tranche 5 de la centrale de Bugey (Ain). Cet événement, sans conséquence sur la sûreté nucléaire, s’est produit pendant la préparation au redémarrage de la centrale à l’issue d’un arrêt de trois mois pour remplacer des générateurs de vapeur. Au cours d’une manoeuvre, le niveau de l’eau contenue dans la cuve à réacteur a été baissé de 12 centimètres au-dessous de la valeur prévue. La DSIN remarque que cette fausse manoeuvre met notamment en évidence une « insuffisance de formation » sur les phénomènes mis en jeu au cours de l’opération. »
Le Web de l’Humanité nous parle d'un évènement sans conséquence, noté 2 sur une échelle de 0 à 7. Quant au Monde s’il relate l’incident en Suède, visiblement cela ne concerne que la Suède, pas un mot sur les autres pays dans l’article.
J’ai fait quelques recherches et c’est hallucinant ce que l’on découvre quand on se donne la peine de le faire. Cela ne m’a pas pris longtemps, jugez plutôt :
Si on ne peut pas compter sur le gouvernement ou sur EDF pour jouer la carte de la transparence, des associations et des collectifs se mobilisent pour vous informer. Concernant Bugey, l’incident relaté par le Canard est loin, je le crains, d’être un incident isolé. En 2004, le réseau « Sortir du Nucléaire » a mis la main sur un rapport officiel émanant de la même source que celle utilisée (la DRIRE) par le Web de l'Humanité, mais cette fois-ci, le texte du rapport est cité. Voici ce qu’il contient :
"La Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) de Rhône-Alpes a adressé au directeur de la centrale du Bugey le 5 août dernier (2004). Le contenu en est pour le moins inquiétant. Lors des visites d’inspection de la tranche 4, entre mai et juin 2004, les services de la DRIRE ont relevé de nombreuses anomalies, au point d’enjoindre aux responsables du site du Bugey de « sérieusement se remettre en cause » :
Importante fuite détectée depuis novembre 2003
Le rapport de synthèse souligne l’existence « de défaillances occasionnelles et d’un manque de transparence ». Parmi les dysfonctionnements relevés : « une importante fuite détectée depuis novembre 2003 et non réparée sept mois plus tard, des procédures erronées, incomplètes ou mal réalisées ; des informations erronées ou carrément non transmises aux services de contrôle ; insuffisance d’effectifs qui «contribuent à un climat préjudiciable à la qualité des interventions ; manque de rigueur dans le respect des « règles en matière de radioprotection». La situation est telle que l’autorité de contrôle exige des « actions correctives » dans un délai de «deux mois».
Dégradation généralisée
Pour Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, « la dégradation généralisée » des conditions de sécurité coïncide avec la mise en œuvre en 2002, d’un « plan de restructuration drastique » dans les centrales nucléaires françaises. Ce plan, qui accompagne le changement de statut d’EDF, a donné lieu à plusieurs incidents sérieux, en marge des mouvements de grève. Le 12 juin 2003, un acte de malveillance a notamment entraîné l’arrêt d’urgence du réacteur de la centrale nucléaire du Bugey.
Le risque sismique a été sous-évalué
Ce n’est pas la première fois que le site est montré du doigt. Il y a un an, un responsable de l’Autorité de sûreté nucléaire reconnaissait que le risque sismique avait été sous-évalué. La remise à niveau des infrastructures de la centrale du Bugey coûterait, selon une estimation interne, plus de 800 millions d’euros. A ce problème s’ajoute celui détecté lors de la canicule de 2003. Les associations écologistes sont d’autant plus inquiètes qu’un arrêté ministériel en date du 11 juin 2004 autorise trois centrales nucléaires, dont la centrale du Bugey, à dépasser les normes jusque-là en vigueur en ce qui concerne le niveau de leurs rejets thermiques."
Il est à préciser que cet été également, les centrales ont eu le droit à une dérogation en raison de la chaleur estivale.
Alors qu’on ne vienne pas me dire (d'ailleurs les deux articles qui me font réagir viennent du même Canard, il y a des choses que je ne m'explique pas) que la facture EDF va être salée si on passe aux énergies renouvelables. Comme je le disais précédemment, l’entretien des centrales c’est cher, et d’autant plus que nos centrales sont anciennes. Qui plus est, on le voit, EDF n’est pas capable de maintenir une sécurité optimale. Car ceci, ce n’est qu’un exemple. Des centrales, nous en avons beaucoup d’autres. Celle de Fessenheim semble être pire encore si l’on se fie au nombre des incidents.
Voici une liste d’incidents nucléaires en France.
Pour information, un incident de niveau 2 c’est « un incident assorti de défaillances importantes des dispositions de sûreté et/ou contamination importante ou surexposition d’un travailleur » et un incident de niveau 7 c’est Tchernobyl : « Accident majeur, avec rejets hors du site et effets étendus sur la santé et l’environnement ». Tout le monde se rappelle de ce fameux « nuage » qui a été rejeté aux frontières françaises, sans doute grâce à la douane, non ? Tout le monde connaît le fameux discours qui consiste à dire qu'en France il ne peut rien arriver de tel parce que nos installations sont en meilleur état ? Et vous connaissez également ce discours qui ne tient compte que de ce qui peut arriver chez nous en se contrefichant de ce qu'il se passe chez nos voisins ? Vous ne trouvez pas qu'il y a des incohérences dans tout ceci ?
Trouver des informations sur le nucléaire en France sur Internet, c’est très simple. Par contre, il y a une telle différence entre ce que dit le gouvernement et EDF et ce que disent les autres sources que cela ne peut être que suspect. On pourrait douter des détracteurs, des voix non officielles, cela paraîtrait plus logique. Mais lorsque que l’on constate qu’au-delà de nos frontières les autres gouvernements tiennent le même type de discours que celui des dissidents en France, lorsque l’on constate que chez nous, on fait tout pour minimiser, ne pas informer et taire et qu’il faut que cela soit des journalistes d’investigation qui pointent le doigt sur le pot aux roses, alors on peut commencer à douter des voix officielles françaises. D’autant qu’il vaut mieux quand on veut faire taire et limiter le débat, ne rien dire, se contenter de trois lignes de déclaration officielle si un Canard a trouvé une information cachée : tout le monde ne lit pas le Canard. Les gens qui lisent se posent des questions, mais sans réponses, ces questions tombent dans l’oubli.
Je suis contre le nucléaire parce que ce n’est pas une énergie propre. Mais je suis encore plus opposée à son recours quand je vois que les normes de sécurité ne sont pas respectées et que l'on applique ni le principe de précaution, ni celui de la transparence. Nos centrales sont vieilles, elles coûtent chers, elles répondent de moins en moins aux normes : c’est comme cela que les incidents qui arrivent sont de plus en plus sérieux. Aujourd’hui, quoiqu’il arrive, il nous faudra bien payer la facture, celle de la remise aux normes ou celle du démantèlement. Tant qu’à faire, je préfère la seconde, histoire de ne pas la payer plusieurs fois.
Ressources Internet :
- Le Web de l'Humanité.
- Dépêche AFP sur Forsmark.
- Revue n° 26 Sortir du Nucléaire.
- Le Monde, article sur Forsmark.
- Liste des incidents nucléaires en France.
- Infos générales sur le nucléaire (comment cela se passe sur le papier).
Voici les réactions allemandes et suédoises face à l’incident :
« Le ministère allemand de l'Environnement va vérifier "le plus rapidement possible" si l'incident survenu la semaine dernière sur un réacteur nucléaire en Suède pourrait également se produire dans les centrales allemandes, a-t-il annoncé vendredi dans un communiqué.
Le ministère "examine ce qui s'est passé exactement dans la centrale (suédoise) de Forsmark et va vérifier le plus vite possible si les défaillances techniques (constatées) peuvent aussi exister dans les centrales allemandes", indique le communiqué. »
Les autorités veulent notamment vérifier si les centrales allemandes sont équipées de la même pièce défectueuse que celle ayant conduit à l'incident de Forsmark, incident qualifié de "sérieux" par le ministère allemand. Cette pièce, qui équipe un système de secours, a été fournie par la société allemande AEG, filiale du groupe suédois Electrolux, a précisé le ministère.
De son côté, le Forum nucléaire allemand, un lobby pro-nucléaire regroupant les principaux producteurs d'électricité, a affirmé qu'on pouvait d'ores et déjà "exclure qu'un tel incident aurait les mêmes conséquences dans les centrales nucléaires allemandes". "Rien ne permet d'affirmer que l'incident puisse se produire" en Allemagne, a affirmé cette association.
A l'inverse, l'incident suédois a provoqué l'inquiétude des écologistes allemands. "A sept minutes près, on est passé tout près d'une énorme catastrophe qui aurait contaminé la majeure partie de la Scandinavie et qui aurait également fortement touché l'Allemagne", s'est emportée Bärbel Höhn, la vice-présidente du groupe Vert au Bundestag.
Les centrales nucléaires de Suède tournent actuellement au ralenti, la moitié des réacteurs étant provisoirement à l'arrêt, la plupart à la suite d'un incident encore non élucidé sur le site de Forsmark (Est) la semaine dernière. »
On le voir, les réactions sont diverses, mais les vérifications sont faites. On applique le principe de précaution, on informe les gens, et chez nous ?
Ce qui fait réagir le journal, et moi avec, c’est que EDF nous assure qu’un tel incident ne peut pas se produire en France : or il s’est passé exactement la même chose avec la centrale de Bugey (à 30 km de Lyon) en 1986 ! C’était peu après Tchernobyl et l’incident en France avait fait peu de vagues. Celui de Forsmark inquiète le Ministère de l’Environnement Allemand qui a décidé de prendre des mesures préventives, tout autant que le gouvernement suédois qui se demande s’il va remettre en marche cette centrale, d’autant plus qu’il est question de remplacer totalement l’énergie nucléaire par d’autres sources, à court terme. Nous en France on en est loin : déjà nous ne sommes pas informés des incidents nucléaires (celui de Bugey a été découvert par le Canard et la centrale tourne toujours, depuis 1978…), ensuite le débat sur l’énergie est surtout animé par des partis écolos trop marginaux dans la vie politique pour pouvoir en faire un vrai débat constant. Voici ce qu'on nous dit ailleurs dans la presse :
« La Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) (ministère de l’Industrie) a donné hier jusqu’à fin mars à EDF pour appliquer « un plan portant sur la conduite des réacteurs et visant à renforcer la formation, la culture de sûreté et l’engagement des agents d’EDF à tous les niveaux hiérarchiques ». Cette mise en demeure intervient après l’annonce d’un incident de niveau 2 sur l’échelle des incidents nucléaires, survenu le 29 janvier sur la tranche 5 de la centrale de Bugey (Ain). Cet événement, sans conséquence sur la sûreté nucléaire, s’est produit pendant la préparation au redémarrage de la centrale à l’issue d’un arrêt de trois mois pour remplacer des générateurs de vapeur. Au cours d’une manoeuvre, le niveau de l’eau contenue dans la cuve à réacteur a été baissé de 12 centimètres au-dessous de la valeur prévue. La DSIN remarque que cette fausse manoeuvre met notamment en évidence une « insuffisance de formation » sur les phénomènes mis en jeu au cours de l’opération. »
Le Web de l’Humanité nous parle d'un évènement sans conséquence, noté 2 sur une échelle de 0 à 7. Quant au Monde s’il relate l’incident en Suède, visiblement cela ne concerne que la Suède, pas un mot sur les autres pays dans l’article.
J’ai fait quelques recherches et c’est hallucinant ce que l’on découvre quand on se donne la peine de le faire. Cela ne m’a pas pris longtemps, jugez plutôt :
Si on ne peut pas compter sur le gouvernement ou sur EDF pour jouer la carte de la transparence, des associations et des collectifs se mobilisent pour vous informer. Concernant Bugey, l’incident relaté par le Canard est loin, je le crains, d’être un incident isolé. En 2004, le réseau « Sortir du Nucléaire » a mis la main sur un rapport officiel émanant de la même source que celle utilisée (la DRIRE) par le Web de l'Humanité, mais cette fois-ci, le texte du rapport est cité. Voici ce qu’il contient :
"La Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) de Rhône-Alpes a adressé au directeur de la centrale du Bugey le 5 août dernier (2004). Le contenu en est pour le moins inquiétant. Lors des visites d’inspection de la tranche 4, entre mai et juin 2004, les services de la DRIRE ont relevé de nombreuses anomalies, au point d’enjoindre aux responsables du site du Bugey de « sérieusement se remettre en cause » :
Importante fuite détectée depuis novembre 2003
Le rapport de synthèse souligne l’existence « de défaillances occasionnelles et d’un manque de transparence ». Parmi les dysfonctionnements relevés : « une importante fuite détectée depuis novembre 2003 et non réparée sept mois plus tard, des procédures erronées, incomplètes ou mal réalisées ; des informations erronées ou carrément non transmises aux services de contrôle ; insuffisance d’effectifs qui «contribuent à un climat préjudiciable à la qualité des interventions ; manque de rigueur dans le respect des « règles en matière de radioprotection». La situation est telle que l’autorité de contrôle exige des « actions correctives » dans un délai de «deux mois».
Dégradation généralisée
Pour Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, « la dégradation généralisée » des conditions de sécurité coïncide avec la mise en œuvre en 2002, d’un « plan de restructuration drastique » dans les centrales nucléaires françaises. Ce plan, qui accompagne le changement de statut d’EDF, a donné lieu à plusieurs incidents sérieux, en marge des mouvements de grève. Le 12 juin 2003, un acte de malveillance a notamment entraîné l’arrêt d’urgence du réacteur de la centrale nucléaire du Bugey.
Le risque sismique a été sous-évalué
Ce n’est pas la première fois que le site est montré du doigt. Il y a un an, un responsable de l’Autorité de sûreté nucléaire reconnaissait que le risque sismique avait été sous-évalué. La remise à niveau des infrastructures de la centrale du Bugey coûterait, selon une estimation interne, plus de 800 millions d’euros. A ce problème s’ajoute celui détecté lors de la canicule de 2003. Les associations écologistes sont d’autant plus inquiètes qu’un arrêté ministériel en date du 11 juin 2004 autorise trois centrales nucléaires, dont la centrale du Bugey, à dépasser les normes jusque-là en vigueur en ce qui concerne le niveau de leurs rejets thermiques."
Il est à préciser que cet été également, les centrales ont eu le droit à une dérogation en raison de la chaleur estivale.
Alors qu’on ne vienne pas me dire (d'ailleurs les deux articles qui me font réagir viennent du même Canard, il y a des choses que je ne m'explique pas) que la facture EDF va être salée si on passe aux énergies renouvelables. Comme je le disais précédemment, l’entretien des centrales c’est cher, et d’autant plus que nos centrales sont anciennes. Qui plus est, on le voit, EDF n’est pas capable de maintenir une sécurité optimale. Car ceci, ce n’est qu’un exemple. Des centrales, nous en avons beaucoup d’autres. Celle de Fessenheim semble être pire encore si l’on se fie au nombre des incidents.
Voici une liste d’incidents nucléaires en France.
Pour information, un incident de niveau 2 c’est « un incident assorti de défaillances importantes des dispositions de sûreté et/ou contamination importante ou surexposition d’un travailleur » et un incident de niveau 7 c’est Tchernobyl : « Accident majeur, avec rejets hors du site et effets étendus sur la santé et l’environnement ». Tout le monde se rappelle de ce fameux « nuage » qui a été rejeté aux frontières françaises, sans doute grâce à la douane, non ? Tout le monde connaît le fameux discours qui consiste à dire qu'en France il ne peut rien arriver de tel parce que nos installations sont en meilleur état ? Et vous connaissez également ce discours qui ne tient compte que de ce qui peut arriver chez nous en se contrefichant de ce qu'il se passe chez nos voisins ? Vous ne trouvez pas qu'il y a des incohérences dans tout ceci ?
Trouver des informations sur le nucléaire en France sur Internet, c’est très simple. Par contre, il y a une telle différence entre ce que dit le gouvernement et EDF et ce que disent les autres sources que cela ne peut être que suspect. On pourrait douter des détracteurs, des voix non officielles, cela paraîtrait plus logique. Mais lorsque que l’on constate qu’au-delà de nos frontières les autres gouvernements tiennent le même type de discours que celui des dissidents en France, lorsque l’on constate que chez nous, on fait tout pour minimiser, ne pas informer et taire et qu’il faut que cela soit des journalistes d’investigation qui pointent le doigt sur le pot aux roses, alors on peut commencer à douter des voix officielles françaises. D’autant qu’il vaut mieux quand on veut faire taire et limiter le débat, ne rien dire, se contenter de trois lignes de déclaration officielle si un Canard a trouvé une information cachée : tout le monde ne lit pas le Canard. Les gens qui lisent se posent des questions, mais sans réponses, ces questions tombent dans l’oubli.
Je suis contre le nucléaire parce que ce n’est pas une énergie propre. Mais je suis encore plus opposée à son recours quand je vois que les normes de sécurité ne sont pas respectées et que l'on applique ni le principe de précaution, ni celui de la transparence. Nos centrales sont vieilles, elles coûtent chers, elles répondent de moins en moins aux normes : c’est comme cela que les incidents qui arrivent sont de plus en plus sérieux. Aujourd’hui, quoiqu’il arrive, il nous faudra bien payer la facture, celle de la remise aux normes ou celle du démantèlement. Tant qu’à faire, je préfère la seconde, histoire de ne pas la payer plusieurs fois.
Ressources Internet :
- Le Web de l'Humanité.
- Dépêche AFP sur Forsmark.
- Revue n° 26 Sortir du Nucléaire.
- Le Monde, article sur Forsmark.
- Liste des incidents nucléaires en France.
- Infos générales sur le nucléaire (comment cela se passe sur le papier).