Le Lac Rose
J’avais envie de mettre en ligne ces photos. C’est mon ours qui les a prises, au Lac Retba pas très loin de Dakar, plus connu sous le nom de Lac Rose.
J’avais en effet des scrupules à prendre, mais il faut reconnaître que Petit Ours Brun les a bien prises. Moi, tout me dérangeait :
On est arrivés comme des fondus en quad (ça roulait bien sur cette piste) et notre guide nous a lâché avec un conférencier du coin pour les explications. Pendant ce temps, les flash de mes coreligionnaires touristes crépitaient sur les travailleurs et travailleuses affairés et chargés. Le gars nous a expliqué que c’était les plus pauvres parmi les plus pauvres qui récoltaient le sel ici, que le travail est dur (les hommes passent des heures dans cette eau aussi salée que la Mer Morte et les femmes doivent transporter jusqu’à une tonne de sel dans la journée pour gagner leur journée). Bien sûr ce sont des journaliers, pas question d’être malade, les congés payés on ne connaît pas là-bas. Et quand ils sont vieux, que deviennent-ils ces travailleurs en provenance de toute l’Afrique ? J’ai pas osé demander.. Mais depuis je me suis renseignée sur le net. C’est pas réjouissant, pour ce que l’on en sait.
On lui a demandé où allait tout ce sel : « Partout en Afrique pour l’alimentation et en Europe, pour saler les routes… ».
Ca se passe de commentaires. Je ne verrais plus jamais la DDE de la même manière.
Moi ce qui me dérangeait, c’était que ces gens sont photographiés à longueur de journée et qu’ils n’en retirent pas un kopeck. Ici les fleurs de sel éclosaient en masse. Ca pourrait être un excellent débouché, ben non, la classe, le must pour nous, c’est le sel de Guérande, pas de Setba.
Je ne regrette pas mon voyage, mais c’est dur d’être une touriste solidaire. Je participais contre mon gré à tout ce qui me fait hurler. On avait déjà fait des cagnottes qu’on avait donné au responsable local du coin, mais là on n’était pas préparés, je le regrette beaucoup.